Histoire

Histoire de Peisey-Vallandry

Peisey-Vallandry est le nom du domaine qui regroupe les stations de ski de Plan Peisey (commune de Peisey Nancroix) et Vallandry (commune de Landry).

Les mot « Peisey » et « Nancroix »

Le nom du village Peisey qui a donné naissance à la station Peisey-Vallandry viendrait de « pesetum », lieu où abondent les épicéas. Ses habitants s’appellent les Peiserotes et Peiserots.

Nancroix, anciennement Nant cruet, veut dire confluent de nants (du mot celte nanto : ruisseau, rivière) ou torrents.

Les premiers Peiserots

Le village de PeiseyPeisey aurait été fréquenté vers 755 par Pépin le Bref, fils de Charles Martel, et roi des Francs, qui y aurait chassé l’ours. Charlemagne, son fils, aurait fait un don à la paroisse de Peisey en 810. Probablement, les premiers habitants à l’année seraient arrivés aux environs de l’An Mil (les toponymes des lieux étant précédés de l’article), peut-être fuyant l’avancée des Sarrasins. Peisey est cité dans une bulle du pape Eugène III (pape de 1145 à 1153 inspirateur de la deuxième croisade) de Mars 1145. Pierre II, archevêque de Tarentaise et fondateur de l’abbaye cistercienne de Tamié, attribue en 1170 la paroisse aux chanoines réguliers (des clercs qui vivent en communauté selon la règle de Saint Augustin) établis à la cathédrale de Moûtiers.

Les Peiserots ont progressivement développé une organisation démocratique, forgeant petit à petit un esprit indépendant qui va perdurer au cours des siècles : chaque année les chefs de famille élisaient deux d’entre eux comme syndics pour gérer les « fruits communs », c’est-à-dire les alpages communaux qui appartenaient à la collectivité. Ils en tiraient une certaine aisance financière. C’est ainsi qu’ils ont pu en 1685, dans le cadre du grand mouvement de la « Contre-réforme » qui a suivi le Concile de Trente, reconstruire une église plus grande et la décorer de sept retables dont trois dorés à l’or fin, réalisés notamment par des artistes venus du Val Sésia en Italie. Peisey a fait partie de la seigneurie de Saint-Maurice, érigée en marquisat au XVIIe en faveur des Chabod de Lescheraines (grande famille issue de Chambéry). Tout en conservant jalousement ses traditions :ainsi lorsqu’une fille du pays mariait un « étranger », le couple devait offrir une somme d’argent et à boire aux garçons (une tradition qui perdurera jusqu’aux années 1950 !).

Notre-Dame-des-Vernettes

Notre-Dame-des-Vernettes, chapelle baroque de Peisey-VallandryAu début du XVIIIème siècle, en 1702, à la suite de la guérison miraculeuse d’un Peiserot, un oratoire dédié à Notre-Dame-de-Pitié, patronne des lépreux, est édifié auprès d’une source « miraculeuse » dans un ravin à 1800m d’altitude. Après sa destruction, il est reconstruit un peu plus haut, puis remplacé par les communiers par une magnifique chapelle baroque dans les années 1720 : Notre-Dame-des-Vernettes. Elle fait l’objet d’un pèlerinage annuel chaque 16 juillet. Peintures des voûtes et du dôme en 1733 par Luco Valentino, imposant retable en bois du maître-autel dédié à Notre-Dame de Pitié sculpté vers 1728 par Joseph Marie Martel et retable de Saint-Nicolas en 1758. A la même époque, entre 1728 et 1738, à des fins fiscales, le cadastre de la commune est effectué en couleur, pour repérer les cultures, sur une feuille de 6m de long sur 4,3m de large à l’échellle 2432.

La mine et les Anglais

D’après la légende, la mine de plomb argentifère de Peisey a été découverte par la chèvre blanche d’une bergère, qui, en grattant le sol, mit à jour du minerai magnifique. On place généralement cet événement au commencement du XVIIIème siècle. Mais d’après les archives du département de la Savoie, elle était connue dès 1640. En effet, à cette date, les communiers de Peisey réclamaient une indemnité au marquis de Saint-Maurice, qui avait concédé l’exploitation de la mine à une compagnie anglaise. Les premiers exploitants, connus de façon certaine, sont encore des Anglais, MM. Deriva et Capson, de 1734 à 1745; puis la Compagnie du Plisson de 1745 à 1760. En 1760, 320 tonnes de plomb et 780 kilos d’argent sont extraits. La mine appartient à la Compagnie Savoyarde de 1768 à 1792 où une brusque remontée des eaux provoque la mort de 4 mineurs.

Les Français

Lorsque les Français révolutionnaires sont arrivés en 1792, ils n’ont pas été bien accueillis car les Peiserots avaient déjà racheté les droits féodaux à leur seigneur. Grâce à leur mobilisation, les habitants ont pu limiter les déprédations des révolutionnaires à la perte des cloches de l’église, sauf 1 sauvée par les habitants, tout en préservant leur clocher qui est le plus haut de Tarentaise. Le nom révolutionnaire de la commune était « les Monts d’Argent ». En 1793, la mine est nationalisée suite à l’émigration de ses principaux actionnaires.

L’école française des Mines

La Mine de Peisey en 1840, gravure de Courtois
La Mine de Peisey en 1840, gravure de Courtois

Napoléon Ier décide en 1802 d’y installer le siège de l’École Française des Mines. Malgré l’importance du gisement qui justifiait la création de cette École Pratique, la situation de la mine présentait d’énormes inconvénients. La rigueur du climat, l’accès par un simple chemin muletier depuis la vallée de l’Isère, ne permirent pas d’établir sur place le siège de l’enseignement technique qui fut fixé à Moûtiers, dans les bâtiments nationalisés de l’ancien séminaire. Le Palais de la Mine à Peisey accueillait le directeur de l’école et les élèves stagiaires. Les élèves allaient à Peisey pour se former à la pratique en mettant eux-mêmes la main à la pâte. Du coup, l’exploitation de la mine est remise en route en 1811 et emploie 238 hommes et 84 femmes. Mais l’école sera rapatriée à Paris lorsque la Savoie retourne à la Maison de Savoie en 1815. Elle aura formé entre 60 et 70 élèves pendant ses douze années de fonctionnement. Entre 1824 et 1850, la production de la mine progresse jusqu’à atteindre 250 tonnes de plomb, 500 kilos d’argent et 12 tonnes de litharge. Mais la mine finit par battre de l’aile notamment à cause d’incessantes remontées des eaux : on ne compte plus que 40 mineurs en 1855. La population de la commune atteint alors 1600 habitants. Les filons sont de plus en plus difficiles d’accès et des problèmes d’inondation des galeries amènent la fermeture définitive de la mine entre 1860 et 1866. C’est à cette époque que la Savoie devient définitivement française.

C’est aussi le moment où les ours disparaissent de nos montagnes : d’une trentaine d’ours en Tarentaise – Beaufortain – Bauges (300 ours dans les Alpes)  en 1800, on tombe à  une dizaine en 1860. Le dernier ours de nos montagnes a probablement été tué en décembre 1893 dans la forêt du Charbon dans le massif des Bauges par des gardes forestiers. Il pesait 153 kg et fut débité à 5F le kg chez un boucher d’Annecy. Il a perduré plus longtemps en Maurienne.

Dimanche 7 novembre 1899 : grave incendie à Peisey. Vers 15h30, un épais nuage de fumée s’échappe d’une maison. Les efforts de pompiers et des habitants sont à peu près inutiles devant la violence du sinistre; l’eau manque et l’on doit se contenter de circonscrire l’incendie en préservant les maisons nouvellement construites. L’incendie est maîtrisée vers 23h. Bilan: 26 maisons détruites et de nombreuses autres endommagées. Au total, on compte 36 sinistrés et 250 000 francs de pertes. (L’Avenir des Alpes 11/11/1899).

Le fer forgé

Ayant acquis des compétences dans le domaine de la fonderie, de nombreux Peiserots partent alors travailler à Paris où ils s’installent dans le 3ème et le 11ème arrondissement, notamment rue Amelot et rue St-Sébastien, pour ouvrir des ateliers de « bronze imitation ». Leur production sera présentée à l’Exposition universelle en 1900. On comptera jusqu’à 27 ateliers dans les années 1920. Certains, fortune faite, reviennent ensuite au pays et y construisent de belles bâtisses en pierre de style « parisien », agrémentées de balcon en fer forgé et de peintures en trompe l’oeil. On les appelle « les rentiers de Paris », voir pour certains, « les communistes » parce qu’ils sont revenus avec des idées nouvelles et fréquentent moins l’église ! M et Mme Jourdan offrent à la municipalité le bâtiment du Ramonard et celui de la Poste. Les costumes traditionnels et les coiffes de Peisey reflètent cette prospérité. Le village connaît malgré tout un fort exode rural et la population tombe à 400 habitants.

Les premiers touristes à Peisey-Vallandry

La conquête des sommets a démarré très tôt : le Mont-Pourri, qu’on croit le plus haut sommet de la Vanoise (alors que la Grande Casse est son point culminant), est vaincu le 4 octobre 1861 par Michel Croz en solitaire. Les habitants ont pris aussi l’habitude de glisser sur la neige sur des planches en frêne.

Nancroix (qui s’écrit alors Nancroît) et Peisey, anciennement Pessey, puis Pesey, voient arriver les premiers skieurs dès 1900. Le ski-club est créé en 1910. Les premières courses de ski de fond sont organisées. Le tourisme commence à se développer dès les années 1920, notamment grâce aux connaissances des Bronziers venus de Paris, après les terribles ravages de la grippe espagnole qui tue deux fois plus d’habitants que la guerre. Les premiers hôtels se construisent dans la vallée.

Dans les années 1920-1930, de nombreuses habitations, avec linteaux en béton, murs en pierres et couverture en tôle, sont construites. En 1925, on compte trois hôtels à Nancroix. Les débutants font leurs premiers exercices entre le Pont Baudin et le hameau du Moulin et aussi rive gauche du Ponthurin entre Pré Envers et le Pont Baudin. Les skieurs confirmés utilisent pour monter les pentes des services de traîneaux à cheval ou à mulet. Les amateurs de courses à skis vont vers le refuge du Pourri, le col du Palet, le col de la Tourme, le col de la Sachette vers Tignes les Brévières, de la Grasse, du Plan Séry, de la Chiaupe, du Mont Saint-Jacques, des Frettes et de la Chale. Ils dépassent rarement 2.500 mètres d’altitude. Certains font de la luge sur la route glacée entre Peisey et Nancroix.

Hôtel Savoie
Hôtel Savoie à Peisey
« de 6 »

Le premier remonte-pente, une simple corde actionnée par un mulet, est mis en service en 1930. Des moniteurs norvégiens viennent enseigner le télémark. René Poccard est le premier moniteur issu de la vallée.

Une toute première publicité pour la station paraît dans la Revue du ski de mars 1932. Il est précisé « Dîner sans habits de cérémonie » et « chauffage central » dans les deux hôtels mentionnés :

Revue du ski N3 Mars 1932

Dans le numéro 15 de la revue Ski, sports d’hiver du 15 avril 1933, on peut lire : « Nancroix-sur-Peisey. L’hôtel de Tarentaise innove des prix de séjour forfaitaires pour les vacances de Pâques. Ces arrangements, à prix très réduits, comprennent toutes les les dépenses ainsi que la montée en auto de la gare de Landry et sont prévus pour 7 jours (300 fr) 10 et 15 jours sans ou avec cours de skis ; la date d’arrivée peut être choisie entre le 7 et le 25 avril. Cette formule et ces prix méritent de retenir l’attention. Nous ajouterons encore que cette région est très indiquée pour le ski de printemps. »

Par décret du 29 mars 1934, la commune Nancroix prend officiellement le nom de Peisey-Nancroix.

Pour l’hiver 1934-1935, la station a adhéré à la Fédération savoyarde des stations de sports d’hiver et le maire, M. Baudin, en devient membre du Bureau. La compagnie P.-L.-M. assure des liaisons de nuit de Paris avec arrivée à Landry à 8h15. Le courrier Postal amène ensuite les voyageurs à Nancroix. Un chasse-neige du type Chevassu assure l’ouverture de la route. Les cours de ski (méthode Arlberg) sont assurés de Noël à Pâques par le Professeur Rawner. Les conseils suivants sont donnés aux skieurs : pour trouver la juste position, il faut s’accroupir, avancer un peu les genoux, la plante des pieds avec les talons restent sur les skis, les chevilles sont pliées fortement, les jambes inclinée vers l’avant avec les genoux bien pliés … Pas simple.

La commune de Peisey-Nancroix, station touristique et de sports d’hiver

La première école de ski est créée par des moniteurs autrichiens en 1935-1936. Ils étaient embauchés jusque là à la saison par les premiers hôtels pour leur clientèle. Autrichiens, parce qu’à cette époque, ils sont les seuls à proposer une méthode d’enseignement entre le télémark et le stem. Probablement aussi parce que depuis le XVIIE siècle, des mineurs tyroliens réputés pour leur savoir-faire sont venus travailler à la mine de Peisey.

En 1937, une campagne de publicité paraît en janvier 1937 dans le N°1 de La revue du Ski qui consacre aussi des photos à la station :

Pub Peisey 1937
La Première campagne de pub en 1937
« de 3 »

La commune de Peisey-Nancroix devient une station touristique et de sports d’hiver le 5 mars 1937, sous l’impulsion du maire de l’époque Edouard Baudin.

guide Peisey
Page 1
« de 4 »

En 1938, Emile Allais vient faire une démonstration de ski parallèle. La même année, les Autrichiens sont « priés » de rentrer chez eux et l’école de ski de Peisey sera créée en 1939. Toujours en 1938, l’hôtel de Tarentaise réouvre, l’hôtel de Bellevue s’agrandit et un nouvel hôtel voit le jour : le Grand hôtel de Nancroix qui offre 30 places avec un agrandissement prévu à 50 places.

Publicité parue dans le magazine Le Ski N°57 du 15 octobre 1938 :

Pub pour Peisey-Nancroix 1947
Pub pour Peisey-Nancroix 1947

Après une interruption pendant la Guerre, la station réouvre à l’hiver 1947 avec un premier remonte-pente dont la station de départ est située près de l’église de Peisey et arrive à Plan Peisey, soit 400m de dénivelé. Deux moniteurs accueillent les skieurs. Un premier bar-restaurant, La Cabane au Soleil, ouvre à proximité dans un des chalets dénommés « Baudet ». Pour aller plus haut vers le Plan de Rey, les peaux de phoque sont de mise.

Le syndicat d’initiative lance une campagne de pub dans la revue mensuelle Le Ski (cliquer sur l’image plus haut à droite) et bénéficie d’un dossier spécial : Le Ski du 15 décembre 1947 (pdf). Retrouvez  la Carte topographique de Peisey-Nancroix de 1947 (pdf-15Mo).

Le premier télésiège privé français à 1 place, qui appartenait au deux frères Collin dont l’un était directeur de la mine d’anthracite, utilisé en alternance selon l’enneigement avec un téléski à archets, le téléski-télésiège de l’Aiguille Grive, a été construit à Peisey en août 1948 entre le lieudit la Lonzagne et Plan Peisey. Il était long de 1200m pour 400m de dénivellation. On peut toujours apercevoir sa gare de départ en contre-haut à droite du départ du Lonzagne.

A la fin des années 1940, on compte déjà 5 moniteurs.

La mine d’anthracite

En 1942, face à la pénurie, le charbon est à nouveau exploité près du Villaret, du Ponthurin jusque dans les coteaux. D’abord pour le chauffage local puis pour être expédié. Il s’agit d’anthracite, une variété de charbon très noire et brillante de haute qualité. Après-Guerre et dans les années 1950, une centaine de mineurs venus d’Italie ou d’Espagne, parfois d’Algérie ou de Kabylie, y travaillent dans la poussière, la plupart seront silicosés. Environ 100 tonnes/jour sont extraites. L’anthracite sera exploité jusqu’au début des années 1970.

L’alpinisme à Peisey

Michel Croz a gravi le premier le Mont Pourri le 4 octobre 1861. Son instigateur, William Mathews le gravit le 4 octobre 1861. Le 26 juin 1868, Horace Walker parvint au sommet en passant par le Mont Turia et l’arête nord. En 1873, Joseph Poccard ouvre un nouvel itinéraire dans la face sud. Il effectue alors la quatrième ascension. En septembre 1945, la Face nord de l’Allier est conquise par André Richermoz et André Favre. En 1947, Pierrot Julien et Maurice Coutin réalisent la première ascension de l’arête ouest du Mont Pourri. Trois guides, Robert et Delphin blanc et Léon Butheau, officient à Peisey dès les années 1960. Ils furent suivis par François Nouvel, Yves Astier, Norbert Silvin et Gilles Broche.

La création de Peisey-Vallandry et les années 1960

Télésiège de Peisey 1949En décembre 1961, le téléski du Plan de l’Ours est mis en service. 800m de long pour 200m de dénivelé, il dépose les skieurs à la cote 1.900 au bord du plateau du Rey. Il dessert deux nouvelles pistes, celle des Écureuils et de l’Ours. En 1962, la station de Peisey-Vallandry est créée avec la construction à 1600 mètres d’une annexe consacrée à la pratique du ski selon le modèle dit de « la 2e génération » comme Courchevel: Plan-Peisey. Une quarantaine de chalets et 6 hôtels sont prévus.

Le plan des pistes dans les années 1960 :

Plan Pistes Peisey 1962

L’hiver 1963-1964, l’actuel Lonzagne est mis en service pour relier Peisey à Plan Peisey. Le téléski du Rey long de 1560m pour 445m de dénivellation est mis en service. Trois fils neige fonctionnent en 1964. En 1965, le téléski du Mélèze remplace un engin démontable qui fonctionnait l’hiver d’avant. Un second téléski, « le 2300 » est inauguré pour l’hiver 1965/66. Il fait 1400m de long pour 400m de dénivellation et amène les skieurs jusqu’à la bosse du Rey à 2.300m. Dès cette époque, on envisage de relier la station à celle de Bourg-Saint-Maurice et son télésiège des Têtes.

Télésiège Peisey en 1960Télésiège Peisey-Nancroix 1963Télésiège Peisey-Nancroix 1960

Les téléskis du 2300 Peisey1960 Saut à skis Peisey-Nancroix 1960Cours de ski église Peisey1960

Front de neige de Plan Peisey 1960 Front de neige de Plan Peisey 1960Front de neige de Plan Peisey1960

L’hiver 1964-1965

Des liaisons directes par le train de Paris et Lyon desservent la gare de Landry. L’ESF compte 8 moniteurs et 2 jardinières. Le forfait ski pour 7 jours pendant les vacances de Noël ou Pâques coûte 70 francs, soit environ 90 euros  -ça fait rêver. Le Tout-compris existe déjà, avec par exemple le   forfait « 7 Jours » : séjour en hôtel 1 étoile, les remontés mécaniques illimitées, les navettes et 4h de leçon de ski par jour, sauf le dimanche, pour 260 francs, soit environ 330 euros.

Dès l’hiver 1966, les skieurs venant des Arcs à partir du télésiège de l’Arpette skient le nord-est de la Grive.

Revue Le Ski alpin, Décembre 1967
Revue Le Ski alpin, Décembre 1967

Les itinéraires mélangeant peaux de phoque et descente à skis sont encore largement de mise :

Itinéraires à skis La Plagne 1964

En 1968, le téléski de la Prairie permet aux enfants de Nancroix de skier sans se déplacer.

La Régie communale voit son chiffre d’affaires passer de 18.000F en 1964 à 320.000F en 1969 et compte  à cette date 18 employés, tous recrutés dans la commune.

L’or blanc

Le village se transforme peu à peu en station familiale dans les années 1970. Trois nouvelles remontées sont construites avec l’aide de l’État : les nouveaux téléskis du Grand Renard (qui assure la liaison avec Les Arcs) et du 2300 II  qui double et allonge le 2300 existant en 1970 (celui de gauche montait jusqu’à l’arrivée actuelle du Derby et le petit à droite au niveau de l’arrivée du télésiège du 2300), le télésiège du Parcher, appelé d’abord télésiège de la Porte-étroite, en 1971.

Pour l’anecdote, en 1970, la ski-card des Arcs, en vente pour tout séjour de plus de 6 jours, permet non seulement d’accéder aux remontées des Arcs mais aussi gratuitement à celles de La Plagne par navettes régulières. Plus fort, c’est aussi un laissez-passer pour la piscine, le stade de slalom, les cours collectifs ESF et les animations de la station. Elle sert même de carte de crédit dans tous les restaurants de la station ! (Source : Ski Flash, octobre-novembre 1970).

 Plan des pistes en 1972 :

plan des pistes Peisey-Vallandry 1972 P1  plan des pistes Peisey-Vallandry 1972 P2 plan des pistes Peisey-Vallandry 1972 P4

Front de neige début des années 1970

 Front de neige de Peisey 1970L'Aiguille Grive et le plateau du Rey 1970

Non sans difficultés. En 1972, le magazine Ski flash se fait l’écho des inquiétudes des Peiserots. Mme Coutin, maire de Peisey-Nancroix, redoute le risque de disparition de la station, faute de réfection de la route qui sépare le village des pistes. M. Desvallées, conseiller municipal, s’interroge sur la colonisation des petites stations. Pour le directeur de l’époque de Courchevel, M. de la Rocque, le salut passera par l’intégration de la petite station dans l’énorme complexe de ski en gestation Val d’Isère-Tignes-Les Menuires-Courchevel !

Plus souriant, c’est aussi l’époque des premières en hors-pistes, comme ici le couloir du Grand Renard de l’Aiguille Grive descendu pour la première fois par le fondateur des Arcs, Robert Blanc, dans le magazine Ski Flash de Février-Mars 1972 :

Couloir du Grand Renard Aiguille Grive - 1972
Couloir du Grand Renard Aiguille Grive – 1972

Jusqu’en 1973, les deux guides qui font autorité, le Michelin et le Kléber, ignorent encore Les Arcs. Néanmoins, en 1974, le réseau de remontées est déjà bien développé comme le montre ce plan de pistes :

plan des pistes des Arcs et de Peisey-Vallandry 1974
Plan des pistes des Arcs et de Peisey-Vallandry 1974

En 1975, les créateurs des Arcs tentent d’imposer leurs rêves de développement à la commune qui refuse de céder aux promoteurs.

C’est aussi l’apparition des « itinéraires de ski sauvages » (qui reviendront à la monde dans les années 2010 sous l’appellation « ski Natur »). :

Plan des pistes des Arcs et Peisey-Vallandry 1975
Plan des pistes des Arcs et Peisey-Vallandry 1975

En 1981, l’accueil des touristes est déjà bien organisé avec  une bonne palette de services et d’activités.

Plan de la vallée de Peisey-Nancroix 1981
Plan de la vallée de Peisey-Nancroix 1981

En 1985, est créée la Régie entre Landry et Peisey. Les premiers immeubles voient le jour avec l’ensemble « La résidence Les Michailles » du nouveau village-station de Vallandry inauguré le 19 décembre 1986. On compte environ 50 moniteurs. Un premier télésiège débrayable de quatre places, Le Vallandry, est mis en service. Peisey développe son lotissement touristique de Plan Peisey. La régie communale des remontées mécaniques devient intercommunale.

En 1989, la Régie Intercommunale cède les droits d’exploitation du domaine skiable de Peisey-Vallandry pour la période du 18 octobre 1989 au 30 octobre 2019 (30 ans) à la Société des Téléphériques de l’Aiguille Grive (STAG), filiale de la Caisse des Dépôts et Consignation, qui est elle-même reprise par la Compagnie des Alpes en 1994-1995. La société holding SELALP a été absorbée par CDA Domaines Skiables au 1er décembre 2008. Puis l’ensemble a pris le nom d’ADS. Les écoles de ski emploient environ 140 moniteurs.

Les années 1990 et 2000

Les téléskis du 2300 sont saturés par l’afflux de skieurs. En 1996, le télésiège des 2300 est construit pour les remplacer. Le télésiège débrayable 6 places de Peisey est mis en service en 2000. Le magnifique téléphérique du Vanoise Express qui relie Les Arcs à La Plagne en 2003 et forme Paradiski, un des plus grands domaines skiables du monde.

Peisey-Vallandry de nos jours

Plan Peisey et Vallandry connaissent de nos jours une évolution contrastée et les rêves de développement liés à la construction du Vanoise Express ne se sont pas tous réalisés : les hauts de Plan Peisey connaissent un vieillissement de leur parc immobilier mais un important projet de rénovation est en cours de développement sous l’égide de la Mairie de Peisey-Nancroix.  Le parc immobilier de Vallandry est chapeauté par une association foncière urbaine qui dispose d’un budget spécifique. Néanmoins, les deux sites se retrouvent dans l’office du tourisme géré à parité, même si quelques frictions entre les deux communes en charge de la station perdurent. La station compte 11.000 lits touristiques (4000 pour Landry et 7.000 pour Peisey). 6.000 lits sont proposés à la location dont 50% passe par la centrale de réservation de la station. L’arrivée du Club Med en 2005/2006 et de tours opérateurs anglais a permis de diversifier les flux touristiques. La « maladie » de la résidence de loisirs, et sa logique à la semaine, commence aussi à gagner les 2 stations. Elles passent peu à peu d’une relation suivie avec les clients fidèles, propriétaires de résidences secondaires, à une approche à la semaine beaucoup plus commerciale et … probablement moins durable pour tout le monde.

L’élevage

L’essor touristique s’appuie aussi sur le maintien de l’activité traditionnelle d’élevage : Les éleveurs peiserots ont longtemps connu une vie nomade entre les hameaux où ils ne séjournaient que quelques semaines (Les Lanches, le Beaupra, les Bettières, la Cula, la Gure) en été au moment de la fenaison et au printemps et à l’automne pour y faire pâturer le bétail avant son départ à l’alpage et la démontagnée. Peisey comptait encore en 1989 plus de 500 vaches laitières, 228 génisses, 182 brebis et 111 chèvres. La coopérative de fromage Beaufort de Peisey a traité 337.000 litres de lait en 1985. Dans les alpages, les installations de traite mobiles alimentées par un groupe électrogène ou par un tracteur ont un peu simplifié le travail des éleveurs. Deux exploitations ouvrent leurs portes aux visites, le Gaec alpin (bovins) et Les chèvres de Sainte Agathe. Chaque premier weekend d’octobre, la démontagnée qui fête la descente des troupeaux après trois mois passés dans le alpages, est l’occasion de rendre hommage aux éleveurs dans une ambiance animée et colorée.

Le bois

Peisey-Nancroix et Landry sont aussi deux communes forestières ou le bois, mélèzes et épicéas à Peisey, rarement le pin cembro appelé aussi arolle (utilisée anciennement pour faire des meubles mais aussi comme anti-mites ou repoussoir contre les rongeurs), sapins à Landry, est exploité sous l’égide de l’ONF. Les équipes d’abatteur et d’ébrancheurs, le flottage (transport du bois sur le Ponthurin après la descente des troncs dans des couloirs forestiers les jours de pluie), les grumiers, les écorceurs, les chevaux de trait ont laissé la place aux tracteurs qui amènent directement les troncs aux scieries. Plusieurs menuiseries perpétuent le travail du bois qui a retrouvé quelque lustre avec la mode du chalet … et la bonne santé de la promotion immobilière.

Les avalanches

Une importante avalanche dévalant 2000m de dénivelé a emporté un samedi après-midi, le 25 février 1995, huit maisons anciennes du hameau du Beaupraz aux Lanches, près de Peisey-Nancroix. Cette avalanche, qui a balayé un secteur d’un kilomètre de large sur une profondeur de deux kilomètres, a atteint une hauteur de huit mètres. Douze habitants ont été retrouvés sains et saufs, leurs trois maisons ayant résisté à l’effet de souffle et à la masse neigeuse. L’historique des avalanches de la face Nord de Bellecôte montre que l’avalanche dans ce site est une respiration « naturelle » de la montagne. On a compté 44 grandes avalanches depuis 1901, une fois tous les deux ans en moyenne. Le hameau des Lanches dont les premières maisons sont protégées par des tournes (étraves pare-avalanches en terre ou en pierres) a été touché à 7 reprises depuis 1901, plutôt entre janvier et mars. Mais des avalanches ont touché d’autres parties de la commune : Peisey et Nancroix ont été dévastés plusieurs fois par des glissements de terrain et coulées de boue et neige mêlées. Le moulin est enseveli en 1912 par exemple.

Paradiski en 2003

Les Arcs et La Plagne se disputaient le skieur de part et d’autre du Ponthurin en rivalisant d’investissements jusqu’au jour ou ils ont décidé de travailler ensemble. Après une premier projet avorté de relier La Chenarie à La Plagne, le Vanoise Express, plus grand téléphérique du monde sans pylones, relie depuis décembre 2003 le domaine des Arcs à celui de la Plagne, de Peisey-Vallandry à Montchavin-les-Coches. L’espace Paradiski offre maintenant 425km de pistes aux skieurs sur un territoire de près de 300 km2. Cette jonction attire plus les Plagnards : on constate que le flux en provenance de La Plagne est deux fois plus élevé que l’inverse. Mais la fréquentation du téléphérique qui relie les deux stations est loin des attentes puisqu’il avait été imaginé qu’un système de réservation serait nécessaire en période de pointe. Or, la rotation des bennes est le plus souvent faible. Par contre, c’est une indéniable réussite technique et marketing, particulièrement à l’international et … pour la vente de forfaits. Depuis quelques années, ce développement touristique a permis une remontée de la population de Peisey qui est passé de 400 habitants avant 1980 à plus de 600 habitants aujourd’hui.

Évolution de la population de Peisey-Vallandry de 1756 à nos jours

Evolution population Peisey-Nancroixdepuis 1756Quelques faits marquants :

Au XVIII siècle, on comptait 500 habitants et 1000 bovins.

1630 : 1/10 de la population disparaît dans la grande peste qui fait 4 000 morts en Tarentaise et presque autant en Maurienne.

1777 : 180 feux, 700 communiants + 400 à 500 étrangers (François, Allemands, Piedmontois) d’après une note de Mr Empereur, curé de Peisey-Nancroix.

En 1886, la fermeture de la mine entraîne aussitôt une baisse de la population (-500 habitants en 10 ans) qui tombe à 757 personnes. Le déclin va perdurer jusqu’au rebond récent lié au ski à partir des années 1970.

Époque récente : On dénombrait 449 habitants en 1975, 480 en 1982, 500 en 1990, 600 en 2000, 651 en 2010. En 2012 (derniers chiffres connus), 652 habitants mais 1287 logements dont 75% de résidences secondaires, et seulement 2,6% de taux de chômage.

Quelques Maires

1868 : Claude Michel Favre. 1874 : Claude Maurice Favre. 1906: Maurice Joseph Garçon. 1911 : Jean Anaclet Richermoz. 1963-1971 : Francis Poccard. 1995-2008 : Patrick Givelet. 2008-2014 : Gérard Collin.  2014-2020 : Laurent Tresallet. Depuis juillet 2020 : Guillaume Villibord.

Cette rubrique a été réalisée à partir de de recherches documentaires, de documents de M. Favre (Site internet) que nous remercions chaleureusement, du site 123 Savoie, du bulletin de l’association des anciens élèves de l’école des mines de Paris de 1932, …

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